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Radio RCJ: Donnons une âme aux lieux dans lesquels nous vivons...

Dernière mise à jour : 3 août 2021


Cette chronique est présentée par Gabrielle Halpern chaque mardi dans le journal de 12h sur la radio RCJ et vous offre un regard philosophique sur l'actualité.


Nous avons passé beaucoup de temps ces derniers mois dans nos logements... La covid-19 ne nous a-t-elle pas conduit à les regarder autrement?


Chacun d’entre nous a vécu différemment le confinement des derniers mois, selon la nature, la superficie, l’aménagement et la densité de son logement. Vivre à 5 dans 25 mètres carrés ou seul dans 120 mètres carrés ne vous fait effectivement pas vivre la même expérience ! Chacun a été confronté à son habitat, en prêtant attention à des choses qu’il ne remarquait plus. Le salon, la salle de bain, la table basse, le couloir, tout cela nous avait été rendu invisible par l’habitude. Oui, l’habitude nous avait rendu aveugles : nous ne regardions plus cette poignée de porte, l’avait-on à peine seulement remarquée un jour ? Nous ne prêtions plus attention au carrelage des toilettes, à la première marche de l’escalier, au robinet du lavabo… Notre pilotage automatique nous faisait déambuler dans ces espaces, parmi ces meubles, ces murs, ces moquettes, ces plafonds et ces objets, comme s’ils n’existaient pas.


Mais la covid-19 a embrayé ce pilotage automatique. A force de vivre enfermés entre quatre murs, nous avons commencé à les regarder. A l’inverse d’une pièce de théâtre où les comédiens jouent leur rôle et s’activent sur scène dans un décor inanimé, nous avons vu ce décor reprendre vie autour de nous, tandis que nous nous sommes immobilisés.


La covid-19 nous a ouvert les yeux sur ce paysage mobilier et immobilier que nous ne regardions plus. Chacun d’entre nous s’est posé la question : mais c’est quoi un chez-soi ? Une création d’un petit monde à mon image ? Qu’est-ce qui fait que je me sens chez-moi ? Et c’est alors que certains se sont mis au bricolage, tandis que d’autres ont sorti leurs pinceaux de peinture. Un peu comme l’homme des cavernes qui avait ressenti le besoin de s’approprier son espace de vie en dessinant sur les murs, nous avons tous été confrontés à cette question : confinés chez nous, comment réhumaniser nos espaces ? C’est là que l’extraordinaire architecte et artiste Friedensreich Hundertwasser a quelque chose à nous dire! Pour lui, je le cite : « Chacun doit avoir la possibilité de construire, et tant que cette liberté n’existera pas, on ne pourra pas ranger les projets architecturaux actuels parmi les œuvres d’art ». Oui, chacun d’entre nous peut être, doit être même, une sorte de petit architecte ! Selon lui, l’habitat est l’une des peaux de l’homme, au même titre que son vêtement… L’homme devrait donc pouvoir modifier à l’envi le lieu dans lequel il habite, en le repeignant, en le sciant, comme il l’entend. Il n’y a que comme cela que nous donnerons une âme aux objets qui nous entourent et aux lieux dans lesquels nous vivons.


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