"Luttons contre l'isolement des personnes âgées" - La philosophe Gabrielle Halpern participe à la semaine de lutte contre l'isolement des aînés avec l’association Monalisa et le Département de Gironde
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- 2 juin
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Dernière mise à jour : 4 juin

La philosophe Gabrielle Halpern a été invitée à intervenir à Bordeaux par le Département de Gironde et l'association Monalisa Gironde dans le cadre de la Semaine de lutte contre l'isolement des aînés. Elle a partagé sa philosophie de l'hybridation et ses implications pour repenser nos responsabilités à l'égard des personnes âgées dans notre société.
Elle s'est exprimée aux côtés de deux autres intervenants :
Timothée Duverger, responsable de la chaire TerrESSà Sciences Po Bordeaux et chercheur au centre Émile Durkheim.
Yannick Blanc, président de Futuribles International, vice-président de La Fonda, ancien haut-commissaire à l'engagement civique.
Jean-Luc Gleyze, Président du Département de la Gironde

“Pour honorer la vieillesse, encore faudra-t-il la laisser nous transmettre son expérience, au lieu de la mépriser, en la mettant au rebut de nos vies sociale et familiale, et surtout du monde professionnel”, Gabrielle Halpern
"Chaque projet, chaque initiative, chaque politique publique, chaque service public doit être évalué à l’aune de sa capacité d’hybridation avec d’autres projets, initiatives, politiques publiques. Si le contenu du mandat de chaque élu est territorialisé, sa capacité à donner un sens à son mandat au-delà de son territoire d’élection va devenir de plus en plus importante. Autrement dit, l’action publique territoriale a un rôle créatif : on attend d’elle qu’elle imagine le dépassement des contradictions, des injonctions contradictoires auxquels sont soumis les citoyens, comme les territoires. La véritable question à se poser face à un programme politique n’est donc pas tant de savoir à quel parti ou courant idéologique il appartient, mais plutôt quel degré d’hybridation entre les mondes (économie, société, territoire, culture, artisanat, numérique, etc.) il est parvenu à imaginer et il s’engage à mettre en œuvre. Cela suppose de renouer avec l’idée d’imagination et de la considérer comme une valeur politique, à même de former la base d’un sentiment d’appartenance renouvelé de la part des citoyens", Gabrielle Halpern

"Dans la série télévisée Shtisel, actuellement en rediffusion sur Arte, il est question d’une maison de retraite et l’un des interlocuteurs dit à l’autre : « tu sais, il ne faut pas oublier qu’un Ehpad, c’est un orphelinat… Eh bien oui, dans un Ehpad, il n’y a que des orphelins ». La phrase m’a percutée avec force et vous comprendrez aisément que je vous propose cet arrêt sur image ! Au-delà de la formule dont le choc créé provient de l’oxymore entre l’Ehpad et l’orphelinat, de la contradiction entre la vieillesse de l’un et l’enfance de l’autre, cette phrase vient nous rappeler la vulnérabilité immense d’une personne âgée. Vulnérabilité qui vient non pas seulement de la vieillesse de son corps, mais du fait qu’une personne âgée est aussi et d’abord une personne orpheline. Les personnes âgées ont beau avoir, pour celles qui ont de la chance, leurs enfants et leurs petits-enfants, voire leurs arrière-petits-enfants qui viennent leur rendre visite, il n’en demeure pas moins qu’elles n’ont plus leurs parents, par définition. Elles vivent dans un monde dans lequel leur père et leur mère n’existent plus. Sans compter qu’elles constituent une catégorie à part d’orphelins, puisque personne ne viendra les adopter. Alors que le mot « orphelin » est associé à celui de « l’enfance », il n’en demeure pas moins que les adultes, y compris très âgés, qui ont perdu leurs parents, ne peuvent pas être qualifiés autrement que par l’adjectif "orphelin"", Gabrielle Halpern
"Il est bon d’avoir un père ou une mère quand on a fait un cauchemar et que l’on croit qu’un monstre est caché sous le lit… Mais qui viendra consoler une personne très âgée, parce qu’elle est envahie par les fantômes ? Qui osera dire à ses enfants, à ses petits-enfants, à ses arrière-petits-enfants qu’il a peur du noir et du tonnerre ? Les enfants ont des angoisses nées de leur imagination ; celles des personnes âgées sont nées de leur vie. Elles n’imaginent pas des monstres, elles les ont vus, elles savent de quoi ils sont capables. Contrairement aux enfants, elles savent que la vie ne se termine pas comme un conte de fée. Les personnes âgées sont des orphelins d’un type particulier ; elles n’ont pas besoin qu’on vienne leur lire des histoires pour les endormir, elles ont cruellement besoin que nous écoutions la leur pour que nous restions éveillés", Gabrielle Halpern

Pour en savoir plus: https://www.gironde.fr/actualites/semaine-de-lutte-contre-lisolement-des-aines
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