La philosophe Gabrielle Halpern et l'ambassadeur pour la gastronomie, l'alimentation et les arts culinaires, Guillaume Gomez, ont accordé une interview croisée à la Tribune Dimanche, afin de partager leur vision sur l'agriculture, la cuisine et la gastronomie et donner des clés pour améliorer l'éducation à l'alimentation.
"Je me suis intéressée en tant que philosophe à l’agriculture, car elle rassemble tout : le rapport au corps, au temps, à la nature et à l’imprévu. Il serait opportun que tous les écoliers passent une semaine dans une exploitation agricole ! C’est une question civique: Friedrich Nietzsche n’écrivait-il pas que « tous les préjugés viennent des intestins » ? Il faut réinventer notre rapport à l’agriculture, à l’alimentation, à la cuisine", Gabrielle Halpern
"La crise agricole a agi comme un révélateur. Elle a mis en lumière l’éloignement, - presque le divorce -, ancien, mais tabou, entre l’agriculture et la société. Depuis longtemps, le consommateur se désintéresse de ce qu’il mange. Ceux qui cultivent, élèvent ou fabriquent ont donc sonné l’alarme !L’écrivain japonais, Genzaburô Yoshino, écrivait déjà en 1937 : « Il est tout de même bizarre que ces hommes qui se sont donnés du mal pour fabriquer la nourriture que tu manges, les vêtements que tu portes ou la maison que tu habites, toutes ces choses essentielles pour ta vie, soient tous de parfaits inconnus ». Ne sommes-nous pas tous devenus de parfaits inconnus les uns pour les autres ? L’agriculture ne peut pas être un sujet dont on parle une fois par an lors de son Salon !", Gabrielle Halpern
"La France va accueillir les Jeux olympiques et paralympiques. C’est une opportunité de faire rayonner notre art culinaire. Or, lors des évènements sportifs, le plus souvent, on trouve des hot dogs et des burgers… Est-ce cela, la gastronomie française ? De la même façon, les cinémas proposent du pop-corn aux spectateurs ! On va me rétorquer qu’il est impossible de proposer de la blanquette, que l’on doit s’adapter à ce que les gens veulent manger… Mais cet argument est celui des démagogues. Il faut sortir du populisme alimentaire!", Gabrielle Halpern
"La cuisine est un miroir de nos contradictions et c’est pourquoi je m’y intéresse tant comme philosophe. Nos sociétés sont pensées de manière catégorielle: il y a les jeunes, les seniors, les personnes en situation de handicap, les startupers, les artisans, les industriels, les agriculteurs, etc. On divise le corps citoyen en morceaux et on crée des frontières absurdes et artificielles entre les mondes. Ce faisant, on renforce les fractures au sein de notre société. Selon les époques, on parle de crise économique, sociale ou institutionnelle, mais la véritable crise que nous vivons aujourd’hui est plutôt la crise de notre rapport à la réalité, parce qu’à force de la mutiler, nous passons à côté d’elle. Au bout du compte, celui qui mange rêve d’être en bonne santé, mais avale n’importe quoi, tandis que celui qui produit sa nourriture ne vit plus de son travail. Il faut réconcilier les mondes, les hybrider ! C’est tout le sens de mes travaux de recherche depuis plus de quinze ans…", Gabrielle Halpern
Pour en savoir plus et lire l'interview en intégralité : https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/il-faut-sortir-du-populisme-alimentaire-par-gabrielle-halpern-philosophe-et-guillaume-gomez-chef-cuisinier-999472.html
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