La philosophe Gabrielle Halpern a été interviewée par le journaliste du média Hospimedia, Edoxie Allier, à l'occasion de la publication de son travail de recherche "Comment repenser le monde du travail?", par la Fondation Jean Jaurès. Dans sa note de prospective sur le monde du travail de demain, elle s'est intéressée à la manière dont le milieu protégé pourrait inspirer le milieu ordinaire, en partenariat avec Andicat et avec la Cité de l'économie et des métiers de demain d'Occitanie.
"Pendant la réforme des retraites, j'ai entendu beaucoup de témoignages de salariés faisant part de leur mal-être ou de la pénibilité de leur emploi. Concomitamment, les personnes en situation de handicap me parlaient du bonheur qu'elles éprouvaient au travail et du sens que celui-ci apportait à leur vie... Je me suis donc demandé ce que nous avions raté là", Gabrielle Halpern
"Nous avons trop souvent tendance à juger une personne sur la manière dont elle se comporte dans son métier, son poste, son environnement de travail et avec ses collègues. En milieu ordinaire, si elle ne convient pas, elle est renvoyée ou bien elle démissionne. Or, dans les Etablissements et Services d'Aide par le Travail (ESAT) que j'ai observés, il est possible de la passer dans un autre atelier, qui va lui permettre de développer de nouvelles compétences. Cela peut la révéler à elle-même. Il faut croire en la métamorphose de l'autre, ne pas enfermer les êtres humains dans des cases. Nous passons notre vie à découper tout le monde et tout en morceaux et, de ce fait, nous passons à côté de la réalité du monde. Actuellement, il est dit que le milieu protégé doit se rapprocher du milieu ordinaire. Je pense que l'un ne va pas sans l'autre. Il faut aussi que le milieu ordinaire se rapproche du milieu protégé. Sinon, cela ne pourra pas marcher, parce que le milieu ordinaire crée encore trop d'exclusion", Gabrielle Halpern
Comments