La philosophe Gabrielle Halpern a été invitée à s'exprimer à l'occasion de l'édition 2023 de la Maddy Keynote, organisée par Maddyness. Devant plusieurs centaines de participants, elle a débattu avec des acteurs du monde de l'entreprise, en partageant sa vision de l'innovation écologique, des conditions de son émergence et de son évaluation.
@Crédits Photo Maddyness
"La question écologique est d'abord une question philosophique. Quelle relation sommes-nous prêts à nouer avec la nature? Quel rôle l'être humain veut-il jouer parmi les autres animaux, les végétaux et les ressources naturelles?", Gabrielle Halpern
"La crise écologique nous met face à nos failles, face à notre incapacité à mettre autour de la table toutes les parties prenantes, face à notre difficulté à sortir des silos et des intérêts particuliers de chacun. Or, pour répondre à la crise écologique, à l’urgence climatique, à la raréfaction des ressources, il va nous falloir apprendre à faire travailler ensemble les artistes et les ingénieurs, les chercheurs et les décideurs publics, les grands groupes et les startups, les associations et les fonds d’investissement ! Il va nous falloir apprendre à hybrider, c’est-à-dire à réaliser des « mariages improbables », en mettant autour de la table des acteurs qui n’ont pas la même temporalité, ni la même culture, ni la même logique, ni le même imaginaire, ni la même identité professionnelle, ni le même intérêt", Gabrielle Halpern
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« Pour créer un écosystème d’innovation écologique fort au sein des entreprises, chacun va devoir se remettre en question : le directeur juridique va devoir radicalement repenser sa manière de construire les contrats et les partenariats avec tous les maillons de la chaîne de valeur, le directeur financier va devoir apprendre à devenir un directeur extra-financier, il va devoir apprendre aussi à s’hybrider avec la direction de la RSE! Il va falloir repenser aussi les critères d’évaluation d’une innovation et cela peut avoir des conséquences gigantesques en termes de définition de la valeur (y compris financière !) d’une innovation… », Gabrielle Halpern
« En matière d’innovation écologique, et plus globalement en matière d’innovation, il est important de rappeler qu’innover pour innover est absurde ! Une innovation a du sens, une innovation est utile, si elle a du sens et si elle est utile pour les générations futures. Il faut arrêter d’agir, de décider, de penser en fonction du passé ; le passé ne peut pas être le critère d’évaluation du présent ni de l’avenir ! Nous avons fait de la « cohérence » une véritable valeur morale et nous n’osons pas agir, transformer nos modèles, nos métiers, au nom de la sacro-sainte valeur que serait la cohérence. Il faudrait toujours tout faire en cohérence avec ce que nous avons fait précédemment… Or, la crise écologique nous place face à une évidence : ce n’est plus au passé que nous devons être fidèles, mais c’est à l’avenir que nous devons apprendre à être fidèles ! Ce n’est plus le passé qui doit justifier nos actions futures, c’est l’avenir qui doit justifier nos actions et nos décisions présentes. C’est l’avenir qui donnera un sens à ce que nous sommes aujourd’hui et à ce que nous faisons aujourd’hui. Soyons fidèles à l’avenir ! », Gabrielle Halpern
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