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"L'IA générative nous remet radicalement en question" - Interview de la philosophe Gabrielle Halpern dans le journal Chema

Photo du rédacteur: gabriellehalperngabriellehalpern


La philosophe Gabrielle Halpern a accordé une interview au journal Chema - à l’occasion de la parution de son livre « Créer des ponts entre les mondes - Une philosophe sur le terrain » (Fayard), dans lequel elle consacre une large part de ses réflexions à l'intelligence artificielle générative.


"On entend parler d’ « hybridation homme-machine », mais cet usage du mot hybridation n’a rien à voir avec mes travaux de recherche. En effet, on ne peut s’hybrider qu’avec ce qui est radicalement différent de soi, or, les nouvelles technologies ne sont pas une entité différente, elles ne constituent pas une "altérité", puisqu’elles sont le fruit de l’homme ! L’intelligence artificielle met un coup de projecteur sur nos faillites, nos contradictions, nos absurdités : si Chat GPT a plus d’empathie que les médecins, plus de patience que les professeurs, plus d’imagination que les juristes, cela ne devrait-il pas nous bousculer, en réapprenant la patience, l’empathie et l’imagination ? Ce que je trouve passionnant dans l’intelligence artificielle, c’est qu’en jouant le rôle de notre « mauvaise conscience », elle nous remet en question radicalement. A nous de saisir cette opportunité pour apprendre à retrouver notre humanité et ce sens de l’altérité", Gabrielle Halpern

"Dans le cadre d’un travail de recherche sur le monde du travail, une ouvrière en situation de handicap m’a dit : « oui, je suis lente, mais je fais bien mon travail et à la fin de la journée, on n’a pas besoin de repasser derrière moi, je veux un droit à la lenteur ». Ce « droit à la lenteur » pourrait sembler impossible dans le monde du travail… Et pourtant ! Pourquoi refuse-t-on d’accorder du temps à la bonne réalisation du travail et pourquoi est-on prêt à perdre un temps fou en réunionnite aiguë, en procédures administratives absurdes ? Les choix d’allocation de nos ressources temporelles, à l’échelle individuelle, professionnelle et sociale, ne devraient-ils pas être remis en question ? C’est ce à quoi on accorde du temps qui révèle ce à quoi on accorde de la valeur. Ce « droit à la lenteur » qui peut faire sourire n’a rien d’anecdotique et constitue une profonde question pour notre société. Nous développons un rapport pathologique au temps, - ce que j’appelle une chronopathologie -, et il est temps d’apprendre à nous réconcilier avec lui. Le temps, c’est cela aussi, le réel ! L’intelligence artificielle générative nous faisant gagner du temps, cette question va devenir encore plus importante… Qu’allons-nous faire de ce temps ? Nous allons, de fait, être confrontés à cette question essentielle : qu’est-ce qui mérite ou non notre temps ? Les nouvelles technologies vont rebattre les cartes de nos choix ", Gabrielle Halpern

 






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