"Pour être centenaire, une entreprise doit apprendre à être un centaure ! " - Conférence de la philosophe Gabrielle Halpern auprès du Club Les centaures à Marseille

Alors que la Chambre de Commerce et d'Industrie d'Aix-Marseille a créé le Club Les Centaures - un réseau qui réunit les entreprises centenaires du territoire -, la philosophe Gabrielle Halpern, qui a mis la figure du centaure au coeur de ses travaux de recherche, a été invitée à tenir une conférence à l'occasion de l'anniversaire du Club.

Se trouvant alors à Shanghai pour une série de conférences, elle s'est exprimée en distanciel et a répondu aux questions des chefs d'entreprise présents dans la salle. Elle a ainsi pu leur partager sa philosophie de l'hybridation et ses implications pour repenser la société et l'économie.

"Notre société crève des silos qui nous divisent, des étiquettes que nous passons nos vies à coller sur les uns et les autres, des cases où nous enfermons les autres et où nous nous enfermons. Nous avons passé des siècles à voir le monde d'une manière morcelée, cela a influé sur notre organisation du travail, sur nos industries, sur le développement de nos sciences et de nos technologies, sur nos formations, sur nos politiques publiques, sur l’organisation de nos filières ou encore sur nos territoires. Il est temps d’apprendre à hybrider les mondes !, Gabrielle Halpern

« Le terme « hybride » est gorgé d’un imaginaire négatif : dire de quelque chose ou de quelqu’un qu’il est un peu hybride n’est pas vraiment un compliment ! Le point de départ de mes travaux de recherche en philosophie a donc été d’essayer de comprendre pourquoi nous avions un rapport si compliqué à ce qui est hybride. J’ai immédiatement fait un parallèle entre cette notion et la figure du centaure dans l’Antiquité grecque, – figure par excellence de l’hybride -, mi-homme mi-cheval. Grandes statues, petites sculptures ou tableaux de peinture, les centaures que vous avez croisés dans les musées ou dans les rues ont presque toujours été représentés par les artistes comme des monstres, des êtres peu recommandables, plutôt agressifs. Il faut dire que les textes qui nous viennent de l’Antiquité et qui décrivent ces êtres mi-homme mi-cheval sont peu bienveillants à leur égard et notre imaginaire a été nourri pendant des siècles par la crainte qu’ils suscitent en nous. Le philosophe roumain Mircea Eliade écrivait que le mythe est « une histoire inventée pour répondre à une question ou à une angoisse »… Mais à laquelle de nos questions les centaures répondent-ils ? Et de quelle angoisse sont-ils le nom ? », Gabrielle Halpern

"Le centaure - mi homme et mi-cheval - a par définition un pied dans plusieurs mondes et ce faisant, elle devrait nous inspirer. Si des entreprises, telles que les vôtres, ont pu perdurer tant de temps et affronter tant de crises, c'est précisément parce qu'elles sont des centaures, ayant un pied dans plusieurs mondes: dans l'identité et dans l'altérité, dans le passé et dans l'avenir, dans la tradition et dans l'innovation, dans les jeunes générations et dans les anciennes générations, dans leur territoire de proximité et à l'international... Soyez fiers d'être des centaures et gardez cette double-fidélité aux mondes dans lesquels vous vous trouvez", Gabrielle Halpern

@CR photo du site internet du Club Les centaures

Pour en savoir plus: https://les-centaures.cciamp.com/le-reseau/

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