top of page
Rechercher
  • Photo du rédacteurgabriellehalpern

T la Revue: "Hybridation : la grande révolution qui attend l’industrie…"


Couverture de T La Revue, n°15, le bimestriel de La Tribune


La philosophe Gabrielle Halpern tient désormais la chronique "Eloge de l'hybridation" dans T La Revue. Dans ce numéro consacré à la question de la réindustrialisation, elle propose une autre vision de l'industrie, en l'inscrivant dans ses travaux de recherche en philosophie sur l'hybridation.


Extrait: "Si l’on s’en réfère à son étymologie latine, l’industrie est d’abord une faculté, une habileté à réaliser un travail, un savoir-faire renvoyant à l’esprit d’invention… Une idée somme toute positive ; et pourtant, lorsque nous pensons à l’industrie, nous ne pouvons nous empêcher d’avoir en tête les images d’un Charlie Chaplin désarticulé et déshumanisé sur les chaînes de travail à la chaîne des Temps modernes ou encore des bonshommes-machines des tableaux de Fernand Léger. Mais qu’a-t-il bien pu se passer entretemps ? A l’heure où la nécessité de « réindustrialiser » est sur toutes les lèvres face à des territoires dévitalisés par la disparition des usines et de leurs emplois et face à l’impératif de souveraineté dans certains secteurs, cette question est essentielle. Réindustrialiser, oui, mais en métamorphosant radicalement l’industrie telle qu’elle s’est développée jusqu’à présent.


Bâtie sur la mécanisation, sur la division du travail et sur la spécialisation des tâches, l’industrie s’est affirmée comme le modèle par excellence de la productivité, mais dans une époque de raréfaction des ressources naturelles, d’une remise en cause de la consommation de masse par l’exigence écologique et d’une tendance de la consommation vers le sur-mesure, la production de masse a-t-elle encore un sens ? La division du travail qui conduit à une difficulté à se coordonner, à se comprendre, à partager des informations, ainsi qu’à une perte de sens, n’est-elle pas un modèle archaïque que les nouvelles générations sont en train de remettre radicalement en question ? Dans un monde où les secteurs économiques s’entremêlent de plus en plus, la notion de filière industrielle, - propre à créer des silos et donc des frontières absurdes entre les modes et les savoir-faire de production -, est-elle toujours pertinente ?


En 1937, l’écrivain japonais Genzaburô Yoshino s’exclamait dans son ouvrage Et vous, comment vivrez-vous ?: « Il est tout de même bizarre que ces hommes qui se sont donnés du mal pour fabriquer la nourriture que tu manges, les vêtements que tu portes ou la maison que tu habites, toutes ces choses essentielles pour ta vie, soient tous de parfaits inconnus ». De fait, la production industrielle nous a fait perdre contact avec la réalité ! Il est donc venu le temps de la réinvention, de la transformation radicale de l’intermédiaire industriel, qui ne peut plus continuer à jouer un rôle de filtre, mais qui doit au contraire repenser sa raison d’être et son positionnement jusqu’au consommateur final"...

bottom of page