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Conférence à l'Institut des hautes études de l'éducation et de la formation (IH2EF) de la philosophe Gabrielle Halpern



La philosophe Gabrielle Halpern a été invitée  à Poitiers par l'Institut des hautes études de l'éducation et de la formation (IH2EF) pour intervenir à l'occasion d'un séminaire dédié à la question du management collaboratif, réunissant près de 200 chefs d'établissements, cadres d'académie, inspecteurs, ingénieurs de formation et membres d'équipes pédagogiques.


"La raison d’être du management consistait jusqu'à présent à “terrasser le dragon de l’incertitude”, comme le disait le sociologue Yehouda Shenhav. Cela n’est pas propre au monde des organisations, puisqu’il existe en chacun de nous une angoisse de l’altérité. Nous nous assemblons avec ceux qui nous ressemblent, nous nous enfermons au sein de bulles d’homogénéité. De la même manière, les organisations s’attachent à ce que leurs membres partagent les mêmes comportements, de manière à réduire au maximum l'imprévisibilité. Cette tendance à l’homogénéité pose problème dès lors que cette imprévisibilité provient de l’extérieur, - en forme de covid-19 ou autre -, et que les organisations se montrent incapables de l’accueillir, n’ayant pas su y faire face à l’intérieur…", Gabrielle Halpern

"Notre société se meurt des silos, des cases, des étiquettes ; nous avons plus que jamais besoin de lieux à même de jouer un rôle de point de repère fédérateur au sein des territoires. Et si les écoles jouaient ce rôle?", Gabrielle Halpern

"L'enseignement agricole est un très bel exemple d'hybridation, - hybridation d'activités, hybridation territoriale, hybridation entre les disciplines -, qui crée des ponts entre des mondes. Il s'agit d'un très beau modèle, qui devrait être source d'inspiration pour de nombreuses autres institutions pédagogiques", Gabrielle Halpern

"Créer des ponts entre les mondes, c’est justement ce que je cherche à faire à travers mes travaux de recherche, en forgeant progressivement la philosophie de l’hybridation[4]. Malheureusement, le système scolaire nous apprend dès le plus jeune âge à établir des barrières entre les mondes. A l’âge adulte, il ne faut pas s’étonner que ces frontières se changent en silos, en prisons, puis en fractures. A part l’enseignement agricole, particulièrement visionnaire et pionnier et dont on devrait davantage s’inspirer, dans les écoles et les universités, chaque discipline, chaque professeur, chaque « matière » existe à côté des autres, sans qu’il y ait d’entrecroisement ni de rencontre, comme si cela constituerait une transgression. Une école profondément hybride briserait dès le départ les logiques disciplinaires pour créer des ponts entre les mathématiques et les arts plastiques, l’histoire et la littérature, la géographie et le sport, les langues et la musique. Pourquoi ne pas lier histoire et musique quand il s’agit d’apprendre la Marseillaise ? Pourquoi ne pas entremêler mathématiques et sport quand il s’agit d’apprendre à compter les pompes et les sauts ? Comment construire chez les enfants un réflexe d’hybridation ? On pourrait nous rétorquer qu’il faut d’abord bien ancrer les disciplines dans l’esprit des élèves, avant qu’ils ne soient capables, plus tard, de construire eux-mêmes des ponts entre elles. Cet argument est faux : l’hybridation ne signifie en aucun cas la fusion. On peut tout à fait expliquer ce qu’est le champ des mathématiques et initier les élèves à l’art de construire des ponts avec d’autres disciplines pour les inviter à métamorphoser leur vision des mathématiques et à inventer des milliers de nouveaux cas d’usages de cette science. Il est faux que l’on fait soi-même des ponts, « plus tard, tout seul, quand on sera grand ». Les ponts, il faut apprendre à les imaginer et à les construire dès le plus jeune âge. Si ce désir des ponts, si cette imagination des ponts n’est pas provoquée et cultivée par les professeurs, par les parents, par l’entourage, dans l’enfance, ils ne naîtront pas plus tard par génération spontanée. Ils seront certes toujours possibles, à l’âge adulte, mais ils seront plus douloureux et difficiles. La capacité d’hybridation, l’amour de la métamorphose par l’hétéroclite s’enseignent, se transmettent, se travaillent", Gabrielle Halpern

"Apprenez à vos élèves à être des centaures! Rendez-les curieux et fiables!", Gabrielle Halpern






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