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Radio RCJ : Tiers-lieux culturels français et africains


Cette chronique est présentée par Gabrielle Halpern chaque mardi dans le journal de 12h sur la Radio RCJ et vous offre un regard philosophique sur l'actualité.


On n'a pas le droit de désespérer ses contemporains… Certes, le monde va mal et l’on aurait de nombreuses raisons d’être désespéré, mais il y a également de magnifiques initiatives qui ont lieu. C’est vers elles qu’il faut tourner nos regards, c’est d’elles dont nous devons nous inspirer, ce sont elles qui peuvent nous donner des raisons d’espérer. C’est pourquoi je souhaiterais vous parler d’un très bel événement, organisé en mai par l’Agence française de développement, en partenariat avec le tiers-lieu marseillais La Friche Belle de mai. Il s’agit d’un colloque international portant sur le thème des tiers-lieux culturels français et africains et réunissant de nombreux porteurs de projet, fondateurs et directeurs de tiers-lieux des deux côtés de la Méditerranée.


Un tiers-lieu est un lieu un peu hybride, réunissant des activités et des publics hétérogènes, comme des espaces de coworking, de spectacles, de conférences, d’expositions, de formation, de jeux ou encore de restauration.

Durant ce colloque, les intervenants ont apporté de beaux témoignages, en expliquant comment ils avaient développé ces lieux atypiques qui poussent dans les interstices et qui font éclater nos cases.


Et si demain, tous les lieux étaient des tiers-lieux[1]? Nous voyons en effet des hôtels développer des résidences d'artistes, des restaurants se transformer en école de cuisine, des gares en lieu d'exposition artistique, des librairies en salon, des fermes en terrain de jeu, des magasins en espace culturel, des collèges en épicerie solidaire.


Progressivement, ces lieux deviennent des points de repères fédérateurs au sein des territoires, se manifestant comme autant de signaux faibles d'une tendance d'hybridation de notre monde et il faut s'en réjouir! Oui, il y a d’autres manières d’aborder le monde que de le ranger dans des cases ; on peut entrecroiser des choses, des métiers, des activités, des personnes, des usages, des intentions, des imaginaires, des générations, des identités, des intérêts, radicalement différents, voire contradictoires, et de là peut naître une extraordinaire créativité et de nouvelles solidarités! Sans compter que les tiers-lieux sont des écoles d'apprentissage de l'altérité et constituent des laboratoires d'expérimentation de nouvelles méthodes, de nouvelles manières de se rencontrer et de collaborer...


Cette tendance d'hybridation des lieux va obliger les politiques publiques, les normes et les réglementations, - basées sur une vision sectorielle et catégorielle de la société -, à se réinventer de fond en comble. Le grand défi sera alors de travailler sans relâche pour qu’il y ait, non pas simple juxtaposition d'activités, de générations, d'usages, de métiers, de publics, mais véritable hybridation de tous ces mondes. Quand on veut changer le monde, on le peut !


[1] Gabrielle Halpern, « Tous centaures ! Eloge de l’hybridation », Le Pommier, 2020.


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