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Radio RCJ: "Lettre d’amour aux bibliothèques municipales"



Cette chronique est présentée par Gabrielle Halpern chaque mardi dans le journal de 12h sur la Radio RCJ et vous offre un regard philosophique sur l'actualité.


"Ma chronique philosophique hebdomadaire est censée être en lien avec l’actualité, mais qu’est-ce que c’est, au juste, l’actualité ? Ces choses, ces événements dont on entend parler autour de soi ? Ces choses, ces événements qui arrivent de par notre pays et de par le monde ? L’actualité se réduit-elle à ce qui arrive ? Ne pourrait-on pas décider de ce qui mérite d’appartenir à l’actualité ? Aujourd’hui, j’aimerais vous parler d’une chose dont on n’entend jamais parler et dont on ne parle jamais ; une chose tellement évidente, naturelle et banale que l’on ne la remarque même plus. Cette chose… C’est la bibliothèque municipale ! Cela vous paraît trivial, n’est-ce pas ? Pas de quoi faire une chronique philosophique, n’est-ce pas ? Et pourtant, si !


L’auteur Gaël Faye écrivait dans son chef-d’œuvre Petit Pays : « Je vis depuis des années dans un pays en paix où chaque ville possède tant de bibliothèques que plus personne ne les remarque ».


Nous ne nous rendons pas compte de la chance extraordinaire que nous avons de vivre dans un pays où il y a de très nombreuses bibliothèques, des bibliothèques où l’on peut emprunter des livres gratuitement, dévorer ou déguster sur place tous les livres que l’on désire, se perdre dans les allées et les rayonnages, ne pas trouver le livre que l’on cherche, tant pis, on en découvre un autre que l’on ne cherchait pas et dont on avait pourtant besoin.


Si les nouvelles technologies tentent de faire disparaître nos incertitudes, les bibliothèques nous les rendent. A l’heure où nos index et nos pouces nous servent à cliquer, les bibliothèques leur réapprennent à saisir, à toucher, à reposer. Elles ont cette odeur étrange qui mêle le réel et l’imagination. Les bibliothèques sont des maîtres qui nous enseignent l’humilité face au savoir, en nous confrontant à nos ignorances. Elles sont les lieux où l’on est un simple maillon d’une longue chaîne de lecteurs qui ne seront jamais des propriétaires et qui goûtent la liberté d’être des emprunteurs un peu particuliers. Elles sont des lieux où l’on peut réapprendre à prendre soin des objets, - et qui sait ? Peut-être par capillarité, réapprendre à prendre soin des êtres humains qui nous entourent -, des objets, ces livres que l’on ne possède pas et dont on est pourtant responsable. Les bibliothèques sont ces miroirs qui nous rappellent combien une vie est courte et provisoire ; jamais assez longue en tout cas pour avoir le temps de tout lire. Prendre le temps de regarder tous ces livres que nous ne lirons jamais et repartir avec un livre sous le bras et l’envie de devenir quelqu’un d’un peu meilleur… "


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