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Radio RCJ: "Le regard humain a le pouvoir de donner de la valeur aux êtres"

Dernière mise à jour : 3 août 2021


Cette chronique est présentée par Gabrielle Halpern chaque mardi dans le journal de 12h sur la radio RCJ et vous offre un regard philosophique sur l'actualité.


Depuis 15 jours bientôt, nous sommes confinés... Et alors que nous avons l’impression d’être impuissants, nous pourrions détenir un pouvoir caché!


Alors que la France vit son 3e confinement, nombre d’entre nous se sentent impuissants : nous aimerions décharger les nôtres de tout ce qu’ils ont à faire ; par exemple, les grands-parents aimeraient aider leurs enfants en s’occupant de leurs petits-enfants. Nous voudrions nous projeter dans l’avenir, planifier des événements, des rencontres, des retrouvailles. Nous voudrions vivre, agir, travailler, voyager, voir et entendre des œuvres artistiques sans l’écran des écrans et nous sommes assignés à résidence. Nous aimerions soulager les nôtres de toute leur solitude et nous ne pouvons pas leur rendre visite. Nous nous sentons impuissants devant nos postes de télévision et de radio qui nous apportent les mauvaises nouvelles du jour et du monde. Il est alors bon de se souvenir du poète Jacques Roubaud.


Jacques Roubaud est né en 1932 et il est l’un des plus grands poètes français encore vivant. Il n’est d’ailleurs pas seulement poète, puisqu’il est aussi mathématicien. Avec son ouvrage « Quelque chose noir », il a écrit l’une des plus belles œuvres qui soit sur le manque. Et dans ce texte, il y a le vers suivant, un vers de poète, qui aurait aussi pu être celui d’un philosophe :


« Le regard humain a le pouvoir de donner de la valeur

aux êtres cela les rend plus coûteux »


Ce que Jacques Roubaud nous dit, c’est que malgré notre sentiment douloureux d’impuissance, avec notre regard, nous devenons tout-puissants. Oui, le poète nous le dit : notre regard a le pouvoir de donner de la valeur aux êtres…


Nous ne sommes pas responsables du regard de l’autre, mais nous sommes responsables de celui que nous portons sur l’autre. D’ailleurs, la seule chose dont nous soyons vraiment, réellement propriétaires en ce monde, – et c’est ce que nous emporterons au paradis comme en enfer -, ce sont nos regards : ceux que nous avons portés, comme ceux que nous avons refusés.


Cette crise sanitaire nous fait subir beaucoup de choses, mais notre regard, nous en sommes maîtres ! Alors, en ce monde et en cette période, où nous avons le sentiment cruel de ne pas maîtriser grand-chose, il est encore en notre pouvoir de donner de la valeur aux autres, en apprenant à les regarder. Les restaurants, les musées, les bureaux, les cafés, les cinémas, les théâtres, tous ces lieux de réunions, tous ces lieux faits pour regarder sont fermés, mais nous pouvons encore regarder ceux que nous aimons. Nous verrons que chacun est un spectacle, une petite œuvre d’art… Alors, en ces temps de confinement, déconfinons nos yeux, ouvrons l’œil, et le bon !


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