Radio RCJ: "Fête de Saint-Valentin : nos forces et nos faiblesses"
- gabriellehalpern
- 13 févr.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 févr.

Cette chronique est présentée par Gabrielle Halpern chaque mardi dans le journal de 12h sur la Radio RCJ et vous offre un regard philosophique sur l'actualité.
« Bien sûr, la saint-Valentin est une fête commerciale et on ne devrait pas attendre ce jour pour offrir une rose ou avoir un geste de tendresse pour la personne que l’on aime. Mais saisissons néanmoins cette occasion pour parler de cette fête de l’amour. Bien sûr, tout a déjà été dit ou presque sur l’amour. Tout a déjà été écrit, exprimé, analysé, illustré et les poètes d’aujourd’hui doivent parfois se sentir superflus pour chanter l’amour. Les philosophes aussi d’ailleurs ! Mais j’aimerais néanmoins tenter d’en dire un mot. L’autre jour, en relisant le passage biblique relatant l’histoire de Samson et Dalila, il m’est apparu une idée qui a fait son chemin et que je vous livre.
Rappelez-vous, Samson possédait une force extraordinaire, surhumaine, capable de lui faire déchirer un lion en deux ! Sa naissance était le fait d’un miracle divin qui nécessitait en contrepartie de le consacrer à Dieu et, notamment, de ne jamais lui couper les cheveux et la barbe (Livre des Juges, chapitre 13-15). Alors qu’il est tombé amoureux d’une femme nommée Dalila, qui habitait dans la vallée de Soreq, cette dernière lui demande de lui révéler d’où vient sa grande force et avec quoi il faudrait le lier pour le maîtriser. Elle est en réalité corrompue par les Princes des Philistins qui lui demandent ce service en échange d’une grosse somme d’argent. Samson, n’étant pas idiot, lui donne des réponses farfelues jusqu’à lui révéler la vérité, ce qui le conduira en prison.
Revenons plus précisément sur cette révélation. Samson révèle à Dalila ce qui constitue sa force et ce qui constitue sa faiblesse, lui donnant alors un immense pouvoir sur lui. Lorsque nous partageons notre vie quotidienne avec un autre être, ce dernier sait beaucoup de nous. Nous n’avons pas besoin de lui « révéler » quelle est notre plus grande force et quelle est notre plus grande faiblesse, nous nous trahissons malgré nous. De la même manière, cet être n’a pas besoin de dire quoique ce soit : nous comprenons assez vite en quoi consiste sa plus grande force et sa plus grande faiblesse. Le fait de posséder ce savoir sur l’autre nous donne un immense pouvoir sur lui ; le fait que l’autre possède ce savoir sur nous lui donne un immense pouvoir sur nous. Un point partout, match nul, chacun détient la bombe nucléaire, c’est une situation de dissuasion réciproque.
La seule question qui vaille en amour est donc la question suivante : que va-t-on faire de ce savoir sur l’autre ? Cesar Pavese écrivait que : « tu seras vraiment aimé le jour où tu pourras révéler à l’autre ta faiblesse sans qu’il s’en serve pour affirmer sa force ». De quoi méditer… Bonne saint-valentin à tous ! »
@Tous droits réservés
Pour écouter la chronique en entier, rendez-vous sur le site de RCJ: https://radiorcj.info/emissions/philosophie-gabrielle-halpern/
Découvrez les livres de la philosophe Gabrielle Halpern chez votre libraire préféré!

Pour commander et réserver votre ouvrage: https://www.leslibraires.fr/recherche/?q=Gabrielle+halpern
Comentários