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Radio RCJ: Et si l’hybridation était la meilleure stimulation cognitive qui soit ?

Dernière mise à jour : 9 févr. 2022


Cette chronique est présentée par Gabrielle Halpern chaque mardi dans le journal de 12h sur la Radio RCJ et vous offre un regard philosophique sur l'actualité.


Le magazine Science et Avenir a publié il y a quelques mois un article[1] sur une étude américaine qui est complètement passée inaperçue, alors qu’elle contient une révélation absolument extraordinaire… L’université américaine Yale a montré, preuve scientifique à l’appui, qu’être en désaccord avec quelqu’un au cours d'une conversation mobilise davantage de ressources cérébrales que quand les deux interlocuteurs sont sur la même longueur d’onde. Dit comme cela, cela n’a l’air de rien, mais il s’agit d’une petite bombe aux conséquences révolutionnaires.


Venons-en d’abord à l’étude elle-même. Cette découverte[2] a été réalisée par le Professeur Joy Hirsch et son équipe. Selon elle, nos cerveaux se comportent dans la discorde “comme un orchestre symphonique jouant des musiques différentes”. En cas de contradiction, nous engageons de nombreuses ressources émotionnelles et cognitives.


Qu’est-ce que cela signifie ? La contradiction, le désaccord, le grain de sable sont de merveilleux stimulants pour notre cerveau et il n’y a rien de tel pour activer nos neurones. Cette découverte est très importante, à l’heure où l’on sent bien que chacun d’entre nous a du mal à lutter contre sa "pulsion d’homogénéité" [3], qui le ramène toujours vers ce qu’il connaît déjà. "Cette pulsion d’homogénéité nous conduit à ne fréquenter que des gens qui nous ressemblent et pensent comme nous, à ne nous intéresser qu’à ce qui confirment nos opinions, à ne nous abonner sur les réseaux sociaux qu’à des comptes correspondant au nôtre et ainsi construisons-nous autour de nous une bulle homogénéisante"[4]. Nous sommes si souvent tentés de dissoudre nos contradictions, de réduire nos dissonances cognitives, de fuir les désaccords.


Or, nous n’avons pas encore compris que les contradictions sont là pour nous sauver : pour nous rendre plus humbles, pour nous contraindre à ralentir, à réfléchir, pour nous éloigner de toute pensée binaire.


Oui, les contradictions nous rendent plus intelligents et la vie ne devrait pas être autre chose que « cette éternelle quête de contradicteurs » [5] à même de nous apprendre à penser contre nous et donc à penser vraiment !


Comme notre patriarche Jacob, chacun d’entre nous a un ange qui l’attend et avec lequel il devra lutter jusqu’au lever de l’aurore, peu importe les blessures et les cicatrices : c’est ce combat avec l’ange qui nous rendra, plus intelligents certes, mais surtout meilleurs !


[1] https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/etre-en-desaccord-monopolise-beaucoup-de-ressources-cognitives_150970 [2] https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fnhum.2020.606397/full [3] Halpern Gabrielle, Penser l’Hybride, Thèse de doctorat en philosophie, 2019 ; http://www.theses.fr/2019LYSEN004 [4] Halpern Gabrielle, Tous centaures ! Eloge de l’hybridation, Le Pommier, 2020. [5] Halpern Gabrielle, La Fable du centaure, Humensciences, 2022 (Bande dessinée illustrée par Didier Petetin).



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