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Radio RCJ: "Confinés et déconfinés: sommes-nous vraiment libres ?"


Cette chronique est présentée par Gabrielle Halpern chaque mardi dans le journal de 12h sur la radio RCJ et vous offre un regard philosophique sur l'actualité.


« La liberté ressemble à tous ces grands mots à majuscule auquel il nous arrive de penser de temps en temps. Français d’aujourd’hui, nous avons malheureusement oublié que la liberté n’a rien d’une évidence et qu’elle est un apprentissage. Nous avons perdu de vue que la liberté n’a rien d’une promenade de santé et qu’elle peut être également très douloureuse. Alors que les petits enfants rêvent de devenir grands, les adolescents ont déjà l’intuition que la liberté des adultes est un pouvoir de choisir qui s’accompagne d’une immense responsabilité et de cruels sacrifices, tandis que les plus âgés ont enfin compris que la liberté, telle une pierre de Sisyphe, nécessite d’être sans cesse ré-apprise et reconquise.

 

Le peintre Hans Hartung disait : « Quant à moi, je veux rester libre, d’esprit, de pensée, d’action. Ne pas me laisser enfermer par les autres ni par moi-même ».

 

Après les confinements sanitaires, chacun d’entre nous était si heureux d’avoir retrouvé la liberté d’aller et venir, de voir ceux qu’il aime, de reprendre ses habitudes. Mais sommes-nous vraiment libres aujourd’hui ? Le confinement n’est pas toujours celui que l’on croit, ni là où on le croit…

 

Ne sommes-nous pas confinés autrement ? Enfermés, non pas dans nos maisons et appartements, mais dans le regard des autres ? Dans les injonctions sociales ? Dans nos obsessions et nos carcans ? Dans notre propre regard : l’idée que nous avons de nous-mêmes et qui ne correspond pas forcément à ce que nous sommes ? Aujourd’hui, sommes-nous vraiment déconfinés ?

 

Non, et le confinement auquel nous nous astreignons est sans doute le pire, le plus strict et le plus sévère. Les murs et les portes que nous nous imposons sont faits de nos peurs, de nos timidités, de nos illusions, de nos faiblesses et de nos préjugés... Nos démons ! Et dans ce confinement personnel, il n’y a ni dérogation, ni attestation de sortie. Ce virus qui nous entrave est semblable à ces démons qui nous empêchent si souvent de vivre comme nous le voudrions.

 

Sans le savoir, nous nous transformons aussi en démons pour les autres en les enfermant dans nos regards, nos jugements, nos peurs et nos croyances. Sans le vouloir, nous sommes si souvent les murs et les portes qui confinent ceux qui nous entourent et les empêchent d’être libre.

 

N’est-il pas temps de libérer les autres de nos regards, de nos peurs et de nos jugements ? Et pour ce qui est de nous-mêmes, n’est-il pas temps d’expérimenter dans notre laboratoire intérieur, à force de tubes à essai, de microscope et de patience, le remède qui nous aidera enfin à être libres ? »




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