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"Marc Chagall, artiste de l'hybride ou l’éternelle espérance" par Gabrielle Halpern, Philosophe

Dernière mise à jour : il y a 5 jours




Tribune de Gabrielle Halpern, Philosophe


"Dans ces temps troubles et tristes, nous pourrions avoir mille raisons de désespérer. Mais nous en avons aussi une d’espérer ! Si vous ne l’avez pas déjà fait, courez à Paris et rendez vous au 13, Quai de Conti à la Galerie Larock-Granoff pour découvrir une extraordinaire exposition consacrée à Marc Chagall et intitulée "Un rêve fabuleux". Ses tableaux qui ont fixé des visages, avec leur douleur et leur regard, portent une indéfectible et une indestructible espérance. Le peintre le disait lui-même, je le cite : « Il m’est absolument impossible de tout construire sur une base de misère et de confusion. Je vois comment le monde se transforme en un désert, j’entends plus fort, toujours plus fort, le grondement du tonnerre qui approche et nous tuera, nous aussi, je ressens la souffrance des millions de personnes, et pourtant, quand je regarde le ciel, je pense que tout finira par s’arranger, et que toute cette cruauté aura une fin ». Marc Chagall a raison : regardons le ciel, regardons le ciel et ses tableaux !

 

A maints égards, Chagall est le peintre de l’hybride. Hybridation des personnages parmi lesquels on trouve des violons qui ont des ailes et des chevaux qui jouent de la musique ; hybridation des visages qui se fondent sans se perdre ; hybridation de l’enfance, des rêves et de l’âge adulte ; hybridation de la violence et de la tendresse ; hybridation des différents arts et des différentes cultures; hybridation du sacré et du trivial, du mystique et du naïf; hybridation de l’animalité et de l’humanité dans une forme de retour à un paradis perdu. Par ces hybridations, Chagall nous apprend à devenir des « luftmenschs », c’est-à-dire à embrasser une forme de légèreté de l’être qui tente d’échapper à ce et à ceux qui veulent l’emprisonner.


Dans tous ses tableaux, ce qui frappe le plus, ce sont les yeux, de gros yeux, qui nous regardent et qui nous enseignent l’art de regarder, qui nous interpellent et nous implorent de ne pas rester aveugle face au monde. Cet art du regard, qui incarne toute une philosophie de la responsabilité, fait écho aux propos de l’intellectuel Elias Canetti qui écrivait que « ce que l’on n’est pas encore capable d’exprimer se dérobe également au regard »[1]. Ces gros yeux, terriblement animaux, nous apprennent peut-être à devenir des êtres humains. Comme le disait Chagall : « une nouvelle ère débute dans le monde : celle où nous seront tous gouvernés uniquement par notre conscience »…

 

Le jour où je mourrai, - pour ceux qui me cherchent -, vous me trouverez aux côtés d’une chèvre volante et d’un homme-violoncelle, blottie dans un tableau de Chagall".

 

[1] Elias Canetti, Histoire d’une vie : le flambeau dans l’oreille, Albin Michel, 2005.


Pour en savoir plus : https://www.larock-granoff.fr




Crédits photo @Gabrielle Halpern


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