"Les identités professionnelles à l'épreuve de l'intelligence artificielle" - Note de prospective de la philosophe Gabrielle Halpern publiée par la Fondation Jean Jaurès
- gabriellehalpern
- il y a 2 jours
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La philosophe Gabrielle Halpern a mené un travail de recherche au cours de l'année 2025, afin de réfléchir à la manière dont l'intelligence artificielle pourrait faire évoluer les identités professionnelles. A l'issue de ce travail de recherche, elle a publié une note de prospective accessible à tous, à la Fondation Jean Jaurès.
""C’est en forgeant que l’on devient forgeron". Cette formule désormais proverbiale fait écho aux propos du philosophe Aristote dans Éthique à Nicomaque, lorsqu’il écrivait que « c’est en construisant qu’on devient constructeur et en jouant de la cithare qu’on devient cithariste ; ainsi encore, c’est en pratiquant les actions justes que nous devenons justes, les actions modérées que nous devenons modérés et les actions courageuses que nous devenons courageux »[1]. Autrement dit, on est ce que l’on fait, on devient ce que l’on fait et l’identité est le fruit d’une action répétée.Ce lien entre l’identité et l’action est flagrant lorsque l’on constate l’impact du travail sur la manière d’être, de parler, de se mouvoir, à la fois individuellement et collectivement. C’est le sociologue Bernard Zarka qui a montré combien nos identités de métier sont prégnantes, que ce soit chez le charpentier, le serrurier ou encore le pâtissier. Cela est aussi vrai de l’avocat, du publicitaire, du psychanalyste, de l’architecte, de l’assureur ou encore de l’agent immobilier, qui s’inscrivent d’une certaine manière eux aussi dans un vocabulaire propre, des gestes ritualisés, un code vestimentaire ou encore une culture commune. Les récentes découvertes en sciences cognitives semblent d’ailleurs corroborer cette idée, en indiquant que les connexions neuronales et le développement de telle ou telle zone cérébrale dépendent étroitement de nos activités ; un violoniste n’ayant pas « le même cerveau » qu’un chauffeur de taxi. Autrement dit, si l’habit ne fait pas toujours le moine, il semblerait que l’on ait le cerveau de son métier ! Mais maintenant la question qui se pose est la suivante : je suis ce que je fais, mais si je délègue une partie de ce que je fais à un outil d’intelligence artificielle, suis-je toujours le même ou vais-je devenir quelqu’un d’autre ? Un avocat, un architecte, un menuisier ou un enseignant ont-ils toujours la même identité de métier à l’ère de l’intelligence artificielle ? Si c’est en forgeant que je deviens forgeron, suis-je toujours forgeron si je délègue une part de mon activité à ChatGPT ? Ai-je encore le cerveau d’un forgeron ? Ai-je toujours le sentiment d’être un forgeron ?", Gabrielle Halpern
[1] Aristote, Ethique à Nicomaque, Livre II, chapitre 1 http://athenaphilosophique.net/wp-content/uploads/2019/07/Aristote-Léthique-à-Nicomaque.pdf", Gabrielle Halpern
Lire la suite de la note: https://www.jean-jaures.org/publication/les-identites-professionnelles-a-lepreuve-de-lintelligence-artificielle/
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