Photo : @Thomas Decamps pour WTTJ
La philosophe Gabrielle Halpern a été interviewée par Welcome to the Jungle, afin de présenter à ses lecteurs ses travaux de recherche en philosophie sur l'hybridation et leurs implications dans le monde du travail.
Comment en êtes-vous venue à vous intéresser à l’hybridation ?
On ne peut pas consacrer plus de dix ans de recherches sur ce sujet s’il n’est pas d’abord et avant tout personnel. J’ai toujours eu un pied dans plusieurs mondes. D’un point de vue académique, j’ai hybridé les formations, en philosophie, en économie, en sciences cognitives et en théologie. Ensuite, j’ai hybridé les expériences professionnelles : à côté de mon parcours académique, j’ai travaillé pendant quatre ans comme conseillère prospective et discours au sein de différents cabinets ministériels (aux ministères de l’économie et des finances, de l’Enseignement Supérieur et de la recherche, et de la justice), puis j’ai codirigé un incubateur de start-up. Ces expériences m’ont permis de nourrir mes travaux de recherche puisque j’ai pu observer dans ma pratique de tous les jours l’hybridation à l’œuvre ou l’incapacité à s’hybrider.
L’hybridation suscite des résistances, que vous illustrez en mobilisant la figure mythologique du centaure, souvent décrite comme monstrueuse. Pourquoi fait-elle peur ?
Le centaure n’est pas vraiment un humain, ni vraiment un cheval : il a à la fois pas d’identité et trop d’identités. Par ailleurs, si vous savez à peu près comment un humain ou un cheval va réagir, le centaure, lui, est imprévisible. Or, il n’y a rien qui nous angoisse plus que l’imprévisibilité et les personnes ou les choses que nous ne pouvons pas cataloguer. Il me semble cependant qu’il est temps de réécrire ce mythe et de voir dans le centaure non pas une menace, mais une figure de l’avenir.
Comentarios