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« L'intelligence artificielle pour l'intelligence artificielle est absurde » - Grande interview de la philosophe Gabrielle Halpern dans le journal La Semaine

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    gabriellehalpern
  • il y a 7 jours
  • 3 min de lecture

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La philosophe Gabrielle Halpern a accordé une interview au Journal hebdomadaire régional La Semaine, diffusé majoritairement en Moselle, pour présenter son approche de l'intelligence artificielle, suite à son travail de recherche mené sur le sujet et la publication de sa note de prospective consacrée à l'intelligence artificielle et son impact sur les métiers, par la Fondation Jean Jaurès. C'est le journaliste Pierre Taribo qui a recueilli ses propos.


"S’agissant de l’intelligence artificielle, le débat public est déchiré entre les technophiles et les technophobes, et obnubilé par la question du remplacement – allons-nous être remplacés ou non par l’intelligence artificielle ?- et il me semblait important d’aborder l’intelligence artificielle sous un autre prisme. Si, comme le dit Aristote, on devient ce que l’on fait, allons-nous nous transformer du fait de l’usage de l’intelligence artificielle ? Qu’est-ce que l’intelligence artificielle va faire de nous ? En transformant nos métiers, nos manières de travailler, va-t-elle nous transformer, nous aussi, dans nos identités ? Cette question des identités personnelles et professionnelles est un angle mort des réflexions actuelles et il me semblait essentiel de l’explorer, non seulement à travers les découvertes en sciences cognitives qui commencent déjà à montrer les effets de l’usage de l’intelligence artificielle sur notre cerveau, mais aussi à travers de nombreux entretiens de terrain que j’ai menés tout au long de l’année avec des professionnels de divers horizons : juristes, médecins, journalistes, artisans, ingénieurs, etc. Je me permets de revenir sur ce point en préambule, car l’IA est un sujet sensible qui mérite d’être appréhendé avec méthode et avec la rigueur scientifique requise pour ne pas sombrer dans l’opinion ou l’idéologie", Gabrielle Halpern

"Vous l’aurez compris, je n’ai une approche ni technophile, ni technophobe sur ce sujet ; en tant que philosophe, il me semble plus intéressant d’explorer ce que l’intelligence artificielle dit de nous, de nos manières de faire, de nos métiers. Mes travaux de recherche m’ont convaincue d’une chose : l’intelligence artificielle est un révélateur d’angles morts, un coup de projecteur jetant une lumière crue sur des questions essentielles que nous avons malheureusement cessé de nous poser. Qu’est-ce qui fait le médecin ? L’établissement d’un diagnostic ? La rédaction d’une ordonnance ou la réalisation d’un soin ? L’explication de la maladie au patient ? De la même manière, qu’est-ce qui fait le journaliste ? L’idée originale de reportage et sa réalisation ? La rédaction d’un article ? L’interview des personnes ? Ou encore, qu’est-ce qui fait le philosophe : Le port d’une barbe ? La rédaction de livres ? La méditation métaphysique ?  L’IA est une sorte de révélateur chimique qui interroge chaque métier, qui met chacun face à sa réalité, quitte à en révéler les absurdités, les non-dits et les contradictions. Ce qui m’a intéressée au cours des entretiens que j’ai menés, c’est la diversité des réponses et donc la dimension subjective et personnelle de cette question : pour certains médecins, ce qui fait le médecin, c’est le diagnostic ; pour d’autres, c’est le soin. Cela signifie que les premiers se sentiront toujours autant médecins s’ils délèguent une part du soin à l’IA tant qu’ils continuent à poser eux-mêmes le diagnostic et que les seconds se sentiront toujours autant médecins s’ils délèguent une part du diagnostic à l’IA tant qu’ils continuent à s’occuper du soin en tant que tel. Une question importante actuellement posée par l’IA est la suivante : qu’allons-nous décider de lui déléguer ou non ? Dans la réponse que chaque professionnel apportera à cette question se dessinera en creux la définition qu’il se fait de son métier... Plus généralement, en tant qu’êtres humains, la même question va se poser : qu’allons-nous décider de lui déléguer ou non ? Le calcul de nos itinéraires, le classement de nos photos, l’apprentissage des langues étrangères, l’écoute et le conseil de nos proches ? Dans la réponse que chacun apportera à cette question se dessinera en creux la définition qu’il se fait de son humanité...", Gabrielle Halpern

" L’IA doit être considérée comme un révélateur ; elle nous révèle à nous-mêmes, dans nos identités, nos métiers, nos relations. Si Chat GPT a plus d’empathie qu’un médecin pour nous annoncer une maladie, plus de patience qu’un professeur à l’école, plus de tolérance que nos amis ou nos voisins, plus de capacité d’écoute que nos parents, plus de créativité qu’un juriste, plus de discernement qu’un directeur des ressources humaines, l’IA ne vient-elle pas mettre un coup de projecteur sur nos médiocrités ? N’est-ce pas hypocrite de crier au grand remplacement des êtres humains par les machines, alors que c’est nous qui avons abandonné nos valeurs humaines ? Saisissons l’IA pour nous remettre en question radicalement ! Rendez-vous en janvier 2026 dans vos librairies pour découvrir mon prochain livre consacré à l’IA, avec une approche quelque peu inattendue…", Gabrielle Halpern

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