La philosophe Gabrielle Halpern a été conviée au Festival international de la bande dessinée de Chambéry, à l'occasion de la publication de la bande dessinée "La Fable du centaure", dont elle a écrit le scénario et qui a été illustrée par Didier Petetin (Humensciences, 2022).
Gabrielle Halpern et Didier Petetin ont présenté leur travail de collaboration au grand public samedi après-midi 1er octobre, afin d'expliquer la genèse de la bande dessinée et le processus d'écriture et d'illustration.
"La fable du centaure" est une bande dessinée qui se déroule dans un univers animalier et qui raconte l’histoire d’une jeune centaure, dont le père est un cheval et la mère, une humaine. Un pied dans chaque monde, ni vraiment d’un monde ni vraiment de l’autre, elle nous ressemble pourtant dans nos contradictions, nos identités multiples, et elle ressemble à la société telle qu’elle est en train de se transformer: nouvelles manières d'innover, d'habiter, de consommer, d'éduquer, de construire, d'aménager le territoire et de travailler, nouvelle relation à la Nature, nouvelles aspirations des jeunes générations et vieillissement de la population, nouvelles solidarités et nouveaux métiers...
D’une manière décalée, cette centaure explore les différentes facettes de cette métamorphose du monde, à travers ses rencontres avec un caméléon, un blob, un saule-pleureur ou encore une souris et cherche dans des signaux faibles d’hybridation des raisons d’espérer…
Pourquoi avoir traduit vos travaux de recherche en philosophie sur l'hybridation dans une bande dessinée?
Gabrielle Halpern: "Tout d'abord, parce qu'une bande dessinée est un objet hybride par excellence, hybridant, entremêlant, un texte et un dessin, chacun se combinant à l’autre, chacun apportant quelque chose à l’autre, chacun métamorphosant l’autre.
Ensuite, parce qu'écrire une thèse de doctorat en philosophie sur l’hybridation est une chose ; puis la traduire il y a deux ans dans l’essai « Tous centaures ! Eloge de l’hybridation » en est une autre. Mais la reprendre pour en saisir la substantifique moëlle, afin de la repenser dans un format de bande dessinée est un exercice particulièrement intéressant. Ce nouveau support m’a appris à voir mes travaux de recherche sous un autre angle. Dans une idée que l’on explore, que l’on défend depuis des années, qu’est-ce qui est finalement essentiel ? La rédaction du scénario de cette bande dessinée a été une véritable remise en question intellectuelle, et donc un défi salutaire!
Enfin, je suis convaincue depuis toujours que tout chercheur a un devoir et une responsabilité dans la communication de ses travaux ; il doit être aussi un traducteur, un passeur pour donner accès à ses recherches au plus grand nombre".
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