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"Elias Canetti ne m'aide pas seulement à penser, il m'aide à vivre" - Conférence de la philosophe Gabrielle Halpern à Sofia

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    gabriellehalpern
  • 24 mai
  • 3 min de lecture


Dans le cadre de ses travaux de recherche en philosophie en Europe centrale, la philosophe Gabrielle Halpern a été invitée par l'Institut français de Bulgarie à tenir une conférence, à Sofia, sur Elias Canetti. A l'occasion de son intervention, elle a rendu hommage à celui qu'elle considère comme l'un des plus grands penseurs européens du XXe siècle et qui a eu une grande influence sur sa pensée de l'hybridation.


Affiche de l'Institut français de Bulgarie préparée pour l'événement "La fratrie Canetti - Un destin européen exceptionnel", où l'on voit Elias Canetti avec ses deux frères, Jacques Canetti et Georges Canetti, et leur mère, Mathilde.
Affiche de l'Institut français de Bulgarie préparée pour l'événement "La fratrie Canetti - Un destin européen exceptionnel", où l'on voit Elias Canetti avec ses deux frères, Jacques Canetti et Georges Canetti, et leur mère, Mathilde.

Dans sa conférence, elle est revenue sur les points saillants de l'oeuvre d'Elias Canetti et a analysé leur justesse par rapport au monde contemporain. Visionnaire, Elias Canetti a su entrevoir des sujets qui non seulement nous touchent encore aujourd'hui, mais qui pourraient bien continuer à être de vrais défis pour demain.



"Elias Canetti, - je le cite souvent, parce qu’il est l’un de mes maîtres à penser et qu’il mérite tant d’être mieux connu et reconnu de tous -, a énormément écrit sur le sujet des métamorphoses : « bien peu se rendent compte qu’ils lui doivent le meilleur de ce qu’ils sont ». Nos identités nous cristallisent, nous immobilisent, nous enferment. Elles sont à la fois le fruit de notre regard sur nous-mêmes et celui des autres sur nous-mêmes. A l’inverse, la métamorphose est la seule issue possible permettant d’échapper à l’immobilisme, à la puissance et au regard de l’autre et de se remettre en mouvement. Dans sa volonté de remettre la métamorphose au cœur de l’être humain, Canetti veut aussi lui rappeler sa proximité avec les autres animaux, puisque tous les vivants ont en partage ce formidable pouvoir. Pour reprendre les mots du professeur en études germaniques, Olivier Agard, la métamorphose est définie comme « une disposition spontanée de l’homme, une expression de sa vitalité archaïque », « la possibilité quasi magique de se transformer en toutes choses ou de « transformer toutes choses »[1]. Le tyran apparaît donc comme celui qui veut empêcher les métamorphoses des autres, et ainsi les vider de toute vitalité. Cette idée résonne étrangement dans notre monde actuel : le projet de société idéal serait-il celui qui permet, facilite les métamorphoses de chacun au lieu de les assigner à résidence d’une identité, d’un métier, d’une formation, d’un diplôme (ou d’une absence de diplôme), d’un milieu socio-économique, d’un territoire, d’une origine culturelle différente ? Le transfuge social, cité en exemple par Canetti, est celui qui a pu se métamorphoser... Le creuset républicain français ne devrait-il pas être pensé comme le levier des « métamorphoses réciproques »[2] ? S’il n’y a pas de métamorphose possible, il n’y a pas de société possible, puisqu’une addition d’identités ou de communautés fixes ne constitue pas une société. Contre l’identité, contre « le culte de la pureté »[3], contre « la pulsion d’homogénéité »[4], Canetti nous propose la métamorphose, comme liberté, comme égalité et comme fraternité. Cette idée résonne aussi dans le monde professionnel : la « Grande Démission » aux Etats-Unis, la crise de sens au travail, dont des signes apparaissent aussi en France, n’est-elle pas une révolte contre l’interdit ou l’empêchement de la métamorphose qui peut régner dans certaines entreprises ou certaines administrations ? Le rôle des parents, des professeurs, des managers, - et par extension, celui du dirigeant de l’entreprise ou de l’institution publique -, la responsabilité d’un vrai chef d’État ne sont-ils pas de rendre les métamorphoses possibles ?", Gabrielle Halpern

[1] Olivier Agard, Revue Europe, Elias Canetti, « L’anthropologie politique d’Elias Canetti », p. 19. [2] Halpern Gabrielle, Penser l’Hybride, Thèse de doctorat en philosophie, 2019 ; http://www.theses.fr/2019LYSEN004 [3] Halpern Gabrielle, Penser l’Hybride, Thèse de doctorat en philosophie, 2019 ; http://www.theses.fr/2019LYSEN004 [4] Halpern Gabrielle, Penser l’Hybride, Thèse de doctorat en philosophie, 2019 ; http://www.theses.fr/2019LYSEN004





La philosophe Gabrielle Halpern à Sofia
La philosophe Gabrielle Halpern à Sofia


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