« Droits de douane et Donald Trump : un monde toujours aussi imprévisible ! » - Editorial Philo sur BFM Business de la philosophe Gabrielle Halpern
- gabriellehalpern
- 27 avr.
- 3 min de lecture
Alors que nous sommes en pleine guerre commerciale avec des incertitudes concernant les décisions de Donald Trump quant à la hausse des droits de douane, la philosophe Gabrielle Halpern a proposé un éditorial philosophique sur BFM Business, - dans l'émission "Good morning Business", afin de partager avec les auditeurs et les télespectateurs son regard sur cette question.
"On entend beaucoup dire que jamais notre monde n’aurait été aussi imprévisible qu’en ce moment. Soyons honnêtes : il suffit de faire l’effort de connaître un peu l’Histoire et de lire les grands textes du passé pour savoir que cela est faux et que le monde a toujours été imprévisible. La question à se poser est plutôt la suivante : pourquoi l’imprévisibilité du monde nous gêne-t-elle toujours autant et surtout : comment y répondre intelligemment ?", Gabrielle Halpern
"Pourquoi avons-nous peur de l'imprévisibilité? A cause de l’identité, à cause de notre identité qui est interrogée, remise en cause par ce contact avec l’inconnu. La première chose que nous faisons lorsque nous rencontrons quelqu’un n’est-elle pas de décliner notre identité et d’attendre la pareille ? Une angoisse liée à « une situation archaïque », selon les mots d’Elias Canetti : « c’est le contact hésitant avec la proie. Qui es-tu ? Peut-on te manger ? L’animal, toujours en quête de nourriture, touche et flaire tout ce qu’il trouve »… Proie ou prédateur : vas-tu me manger ou vais-je te manger ? Canetti parle des êtres humains, mais cette angoisse identitaire touche aussi les entreprises et toutes les démarches en matière de « raison d’être des entreprises » ou d’entreprises à mission marquent bien ce besoin des entreprises de s’identifier, de se positionner les unes par rapport aux autres. Canetti parle des êtres humains, mais cette angoisse identitaire touche aussi les pays et c’est bien tout ce qui est en jeu en ce moment dans la guerre commerciale : qui est le grenier du monde ? Qui est l’usine du monde ? Qui est la première puissance économique du monde ? Les Etats-Unis, la Chine, l’Europe : tout le monde s’interroge, se positionne, se re-positionne, se met en quête de son identité. Tu es la proie ou tu es le prédateur ? Vais-je te manger ou vas-tu me manger ? Le rapport de force instauré par Donald Trump se traduit par un rapport de dépendance : plus un pays est dépendant d’autres pays, plus il est faible, plus il est une proie…", Gabrielle Halpern
"La pire réaction serait celle consistant à confondre le provisoire et le définitif. En matière de géographie, comme en matière d’Histoire, en matière diplomatique, comme en matière économique, il n’existe que des vérités provisoires. Cela signifie que dans un monde imprévisible, il va nous falloir apprendre à être plus imprévisibles que l’imprévisibilité et sortir d’un rapport à l’autre dichotomique de proies et de prédateurs. Les concurrents d’aujourd’hui peuvent être des alliés demain et ceux avec lesquels on pensait n’avoir rien à faire aujourd’hui pourraient se révéler de formidables alliés ou de redoutables concurrents demain, ce qui implique de la part des entreprises, comme des pays, de voir chacun différemment et de repenser toutes leurs relations internationales. Canetti le disait : « avance dans le doute et dans le tremblement, l’inconnu sauvera ce que tu connais » !", Gabrielle Halpern
Pour revoir la vidéo en entier: https://www.bfmtv.com/economie/replay-emissions/l-edito-de-raphael-legendre/l-edito-de-gabrielle-halpern-entreprises-comment-gerer-l-imprevisible-25-04_VN-202504250130.html
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