Au Luxembourg, la philosophe Gabrielle Halpern accorde une interview au média Paper Jam
- gabriellehalpern
- 22 juin
- 3 min de lecture

En visite au Luxembourg pour une conférence, des rencontres et des visites de terrain dans le cadre de ses travaux de recherche, la philosophe Gabrielle Halpern a accordé une interview au média économique luxembourgeois Paper Jam (Interview par Pierre Théobald).
"Cela fait près de 16 ans que je travaille sur la notion de "l’hybridation". Si j’ai commencé à m’y intéresser en tant que philosophe, c’est parce que j’ai perçu, autour de moi, des signaux faibles qui laissaient penser que l’hybridation n’était pas un simple épiphénomène, mais une grande tendance du monde à venir – économique, social, sociétal, etc.", Gabrielle Halpern
Depuis 16 ans, je travaille donc sur cette notion, en observant comment elle se développe. Et puisque cette tendance s’affirme, elle aura nécessairement des conséquences sur l’orientation des jeunes. Je vais prendre des exemples très concrets afin de visualiser ce à quoi je fais référence. On observe de plus en plus d’hybridation entre des écoles d’ingénieurs et des écoles d’art, entre des laboratoires de recherche et des disciplines qui, a priori, n’avaient rien en commun. Illustration récente: un artiste plasticien, en collaborant avec des chercheurs et des ingénieurs, a mis au point une dentelle qui, en entourant le corail, permet sa régénération. C’est intéressant, car lorsqu’on pense aux solutions écologiques de demain, on imagine spontanément les ingénieurs ou les chercheurs. Et pourtant, ici, la réponse est venue d’un artiste plasticien, qui n’a pas travaillé seul, mais qui a su hybrider son art avec la science et l’ingénierie. Autre exemple: un grand groupe dans le domaine des spiritueux a transposé son savoir-faire pour réinventer la fabrication du parfum. Il a fait vieillir de l’eau de toilette dans des petits tonneaux en chêne, comme on le fait pour les spiritueux, et a ainsi transformé la manière de produire du parfum. Je pourrais en citer beaucoup d’autres… On voit ces hybridations entre secteurs, entre entreprises, entre modèles économiques. Par exemple, des fonds d’investissement investissent pour soutenir la transition écologique, tout en prenant en charge les travaux de rénovation et de décarbonation. L’investisseur ne se contente plus de financer, il pilote aussi les projets: c’est une hybridation du métier d’investisseur", Gabrielle Halpern
"Puisque les entreprises et les secteurs s’hybrident, les étudiants, dans leurs choix d’orientation, vont devoir apprendre à s’hybrider eux aussi. C’est pour cela que j’ai placé la figure du centaure – mi-homme, mi-cheval – au cœur de mes travaux. Il va falloir apprendre à avoir un pied dans plusieurs mondes. Être à la fois ingénieur et chercheur, artiste et autre chose encore, car nous aurons de plus en plus besoin d’hybridations de compétences et de savoir-faire pour affronter le monde qui vient", Gabrielle Halpern
"Si j’ai commencé à m’y intéresser en tant que philosophe, c’est parce que j’ai perçu, autour de moi, des signaux faibles qui laissaient penser que l’hybridation n’était pas un simple épiphénomène, mais une grande tendance du monde à venir – économique, social, sociétal, etc.", Gabrielle Halpern
"Face à l’intelligence artificielle, on entend souvent que cela va remplacer tout le monde. Non. Justement, l’IA ne remplacera pas les centaures. Quand on a un pied dans plusieurs mondes et qu’on sait faire dialoguer des univers différents, on crée, en matière d’innovation, des modèles complètement inédits", Gabrielle Halpern

Pour lire l'interview en intégralité: https://paperjam.lu/article/gabrielle-halpern-ne-jamais-se-contenter-de-ce-que-lon-est
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