Radio RCJ: Les fayots et les cancres : les premiers seront-ils les derniers ?
- gabriellehalpern
- 17 juin
- 3 min de lecture

Cette chronique est présentée par Gabrielle Halpern chaque mardi dans le journal de 12h sur la radio RCJ et vous offre un regard philosophique sur l'actualité.
« Cela m’amuse toujours, lorsqu’il y a des événements, des séminaires, des conférences, d’observer les comportements humains. La plupart des personnes, par exemple, se positionnent dans les derniers rangs, comme si elles avaient peur des premiers rangs. Peut-être faites-vous partie, vous qui m’écoutez ou vous qui me lisez, des amateurs des derniers rangs.
Nous avons beau être devenus adultes, il reste toujours en nous, - du moins chez certains d’entre nous -, cette angoisse née à l’école où être assis au premier rang signifiait courir le risque d’attirer l’attention du professeur et donc, d’être interrogé sur sa leçon, ou du moins d’être obligé de suivre le cours attentivement plutôt que de rêvasser, dessiner ou bavarder avec ses voisins. Si cette angoisse n’est pas née à l’école, elle est peut-être née au cirque ou à l’occasion d’autres spectacles où nous emmenaient nos parents et où ceux qui étaient assis au premier rang étaient appelés à y participer et donc à courir le risque de recevoir une tarte à la crème dans la figure ou de disparaître dans la machine du magicien ! Bref, beaucoup d’angoisses ! Beaucoup d’angoisses et une vraie scission de la classe entre ceux que l’on appelle les « premiers-de-la-classe », - les fayots, quoi ! -, et les « derniers-de-la-classe », - les cancres, quoi ! Choisissez votre camp, Mesdames et Messieurs !
Personnellement, je n’ai jamais vécu cette angoisse du premier rang car, étant adepte de ce rang, je me suis rapidement rendu compte que les professeurs ne le regardent que très rarement et qu’il y était donc bien plus facile de penser à un milliard d’autres choses ! Mais ce n'est pas pour ça que je vous raconte tout cela. Si je vous parle de ce sujet aujourd’hui, c’est parce que cette vieille bataille entre les fayots et les cancres, entre les premiers et les derniers, ne cesse pas de se jouer encore et toujours, y compris dans nos relations professionnelles, maintenant que nous sommes devenus grands.
L’exemple le plus frappant de cette bataille est… la réunion, bien sûr ! Il y a ceux qui arrivent toujours en avance et ceux qui arrivent toujours en retard ; il y a ceux qui ont pris soin d’apporter leur matériel - ordinateur, cahier, stylo - et ceux qui l’ont oublié et qui doivent repartir le chercher ou demander une feuille à leur voisin ; il y a ceux qui ont lu les documents envoyés en amont de la réunion et qui s’y sont donc préparés et ceux qui n'en ont pas eu le temps et qui découvrent le sujet dont il sera question ; il y a ceux qui se mettent tout devant et ceux qui se mettent tout au fond… Les retardataires obligeant l’ensemble des participants à commencer en retard les réunions seraient-ils en passe de gagner la bataille ? Il est fou combien, en grandissant, nous continuons à porter en nous nos angoisses et nos habitudes, nos difficultés et nos obsessions. Et vous, l’adulte a-t-il dépassé ce que vous étiez, enfant ? »
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