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Radio RCJ: Crise d'adolescence: « Les adolescents, ces êtres fondamentalement hybrides »

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    gabriellehalpern
  • 8 avr.
  • 2 min de lecture

Cette chronique est présentée par Gabrielle Halpern chaque mardi dans le journal de 12h sur la radio RCJ et vous offre un regard philosophique sur l'actualité.


« Il est toujours intéressant et amusant d’entendre les parents se plaindre de leurs « ados ». « Ado » : abréviation repoussoir d’une réalité connotée négativement. Il suffit de prononcer ce mot pour voir une grimace se dessiner sur les visages des adultes, comme si les adultes avaient complètement oublié qu’ils étaient passés, eux aussi, par cet état. L’adolescence semble être effectivement l’état mal aimé par excellence ; un état redouté par notre société qui a associé de manière presque inextricable le mot « adolescence » à celui de crise »… L’adolescence suscite la méfiance, une forme de suspicion, renvoyant à une période où il y a à la fois aucune identité et trop d’identités. L’adolescent semble naviguer entre le monde de l’enfance et celui l’adulte ; des mondes radicalement opposés qui agissent sur lui comme autant d’injonctions contradictoires.

 

Et si l’adolescence nous gênait précisément en raison de son caractère hybride[1] ? L’adolescent est en effet une hybridation entre l’enfant et l’adulte, c’est-à-dire un être qui n’entre dans aucune case et sur lequel il est impossible de coller une étiquette. Or, il n’y a rien que nous redoutions plus que ce sur quoi ou ceux sur qui nous ne pouvons coller une étiquette ! Hybride signifie étymologiquement « bâtard, de sang mélangé » et ce mot est donc connoté négativement. Dire d’ailleurs de quelque chose ou de quelqu’un qu’il est un peu hybride n’est pas vraiment un compliment ! Les Grecs dans l’Antiquité avaient d’ailleurs incarné l’idée d’hybridation dans le mythe du centaure[2] ; un personnage presque toujours représenté comme monstrueux, transgressif et nous voulant du mal, avec son arc et sa flèche. Fruit d’un mariage interdit, ni vraiment humain, ni vraiment cheval, le centaure suscite la méfiance. Tout comme l’adolescent, ni vraiment enfant, ni vraiment adulte ! Pourquoi le centaure, - et à travers lui, toutes les personnes « hybrides » -, nous gêne-t-il ? Il est par excellence la figure de l’imprévisible. Si vous vous promenez dans une forêt et tombez nez à nez avec un être humain, vous savez à peu près comment il réagira ; si vous tombez nez à nez avec un cheval, vous savez à peu près comment il réagira… Mais le centaure est imprévisible, puisqu’inédit ! Sans compter que chaque centaure, comme chaque adolescent, est unique.

 

Le centaure réveille en nous notre angoisse de ne pas pouvoir tout maîtriser ; il nous rappelle aussi que la vie est une métamorphose permanente et qu’il ne faut jamais se figer dans un état ou une identité. Incroyable navigateur entre plusieurs mondes, n’est-il pas temps de réhabiliter la figure du centaure, - et celle de l’adolescent -, pour voir en eux une source d’inspiration ? »


[1] Gabrielle Halpern, « Tous centaures ! Éloge de l’hybridation », Le Pommier, 2020.

[2] Gabrielle Halpern, « Tous centaures ! Éloge de l’hybridation », Le Pommier, 2020.




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