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Radio RCJ: Découvrons un autre visage de Primo Levi!

Dernière mise à jour : 23 déc. 2022


Cette chronique est présentée par Gabrielle Halpern chaque mardi dans le journal de 12h sur la Radio RCJ et vous offre un regard philosophique sur l'actualité


Alors que Primo Levi est toujours associé à son œuvre majeure « Si c’est un homme », j’aimerais vous faire découvrir aujourd’hui une autre facette de cet homme qui était aussi un romancier extraordinaire et le directeur d’une usine de peinture, grâce à son doctorat en chimie.


Ses romans, dont « le système périodique » et « la clé à molette » sont des œuvres d’une intelligence fine et d’un grand humour. Cela peut sembler étrange, mais oui, on rit et on rit même aux éclats, en lisant les romans de Primo Levi ! Son expérience professionnelle, en tant que salarié d’usine de peinture, puis directeur, lui en ont fait voir des vertes et des pas mûres et son regard sur le monde du travail, le commerce, les clients, les relations hiérarchiques sont d’une amusante et criante justesse.


Et c’est ainsi que Faussone, le héros de « La clé à molette » explique, je cite, qu’ « il n’y a que les connards qui croient qu’un client farfelu, ça vaut pas mieux, parce que comme ça, on fait ce qu’on veut : eh bien, c’est tout le contraire, un client farfelu, c’est toujours des pépins. Il est pas équipé, il a rien en stock et au premier pépin, il fait une crise de nerfs et parle de dénoncer le contrat, alors que, quand tout va bien, il vous accable de compliments à n’en plus finir et vous fait perdre votre temps » [1].


Dans « Le système périodique », le narrateur explique que le service d’assistance aux clients est « un travail délicat et complexe, pas très différent de celui des diplomates »… Un travail qui vous transforme, je le cite encore : « en faisant mine d’estimer et de trouver sympathiques ses semblables, on finit par le faire vraiment au bout de quelques années de métier, de la même façon que celui qui simule longuement la folie devient souvent fou » [2].


S’agissant des relations de travail, le héros de « La clé à molette » explique « vous savez sûrement que les chefs de service, quand ils ont dépassé un certain âge, ont tous au moins une manie »… Celle de son chef de service « était un de ces types qui se lèchent le doigt avant de tourner la page d’un livre » [3]. Il y a mille autres pépites dans ses œuvres… Lisez Primo Levi !

[1] Primo Levi, La clé à molette, Robert Laffont, Paris, p. 496. [2] Primo Levi, « Uranium », Le système périodique, Robert Laffont, Paris, p. 439 [3] Primo Levi, La clé à molette, Robert Laffont, Paris, p. 497.


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