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Radio RCJ: « Animalité et humanité : quand les femmes deviennent des proies »

  • Photo du rédacteur: gabriellehalpern
    gabriellehalpern
  • 4 nov.
  • 2 min de lecture

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Cette chronique est présentée par Gabrielle Halpern chaque mardi dans le journal de 12h sur la radio RCJ et vous offre un regard philosophique sur l'actualité.


« Bonjour à tous! J’aimerais vous raconter une expérience personnelle à partir de laquelle je partagerai avec vous la réflexion philosophique qui en découle. Cet été, comme tous les étés, je suis allée marcher en haute-montagne. La destination 2025 était la Slovaquie et plus précisément les Hautes-Tatras. Des paysages à couper le souffle, une nature florissante, des lacs de montagne éclatants… Et des ours ! Et cela change tout. Oui, la possibilité d’une rencontre fortuite avec un ours change tout. Vous ne marchez pas de la même manière sur un sentier de montagne lorsque vous savez que vous pouvez rencontrer un ours. Le sentiment d’une présence possible de cet animal vous métamorphose totalement. Vous n'êtes plus un être humain, vous redevenez un animal comme un autre dans la nature, vous sentez au fond de vous-même l’angoisse primitive du cycle des proies et des prédateurs. Vous avez beau rationaliser tant que vous voulez : les ours ne mangent pas les êtres humains, les ours n’attaquent que s’ils se sentent en danger, les ours m’auront sûrement entendue ou sentie et ils iront ailleurs… Votre rationalité semble un peu vaine. L’ours, l’ours possible vous déshumanise et vous animalise. Finis les « je pense, donc je suis », finis les bâtisseurs de cathédrale et les inventeurs de l’intelligence artificielle, finies les rêveries et la poésie, vous êtes un animal, un animal qui se révèle beaucoup moins fort que tant d’autres ; pour reprendre les mots du philosophe Emmanuel Kant, vous n’avez pas les griffes des lions, ni les crocs du chien, ni les ailes des oiseaux. A chaque bruit, à chaque craquement, dans chaque ombre, dans chaque bruissement, votre cœur s’emballe, et l’animal, dans toute sa primitivité brute, se réveille en vous. A quoi le sentiment d’être un être humain tient-il après tout, si la possibilité d’un ours peut l’annihiler, en une seconde ?

 

Mais si je vous raconte cette histoire d’ours, c’est parce qu’elle m’a enfin permis d’expliquer à beaucoup d’hommes ce qu’une femme ressent souvent lorsqu’elle est dans l’espace public, dans une rue mal éclairée ou peu fréquentée. On se sent proie ! Et l’on s’inquiète de la présence potentielle d’un prédateur. De la même manière qu’avec les ours, notre sentiment d’humanité disparaît, nous ne sommes plus qu’une proie, réduite à sa vulnérabilité la plus triste.

 

Je rêve d’un pays où nous, les femmes, pourrons sortir de ce cycle épuisant des proies et des prédateurs et où nous serons définies non pas à partir de ce que nous sommes, mais à partir de ce que nous faisons. C’est Aristote qui le disait justement : je suis ce que je fais ; je deviens ce que je fais. Ce sont nos engagements, ce sont nos actes, ce sont nos œuvres qui nous définissent. C’est par eux que nous retrouvons notre humanité volée... Et les ours n’ont qu’à bien se tenir ! »



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