top of page
Rechercher
  • Photo du rédacteurgabriellehalpern

Interview de Gabrielle Halpern sur la Radio Télévision Suisse (RTS)


La philosophe Gabrielle Halpern était l'invitée de la journaliste Manuela Salvi dans l'émission "A voix haute" de RTS (Radio Télévision Suisse); l'occasion pour elle de partager avec les auditeurs ses travaux de recherche en philosophie sur l'hybridation.


"Et si l’hybridation était la grande tendance du monde qui vient[1] ? L’hybridation se définit comme le « mariage improbable », c’est-à-dire comme le fait de mettre ensemble des générations, des activités, des usages, des matériaux, des mondes, des idées, des personnes, des secteurs, qui a priori n’ont pas grand-chose à voir ensemble, mais qui, réunis, vont donner lieu à quelque chose de nouveau : un tiers-service, un tiers-lieu, une tierce-activité, un tiers-territoire, un tiers-modèle organisationnel, une tierce… économie ! Les écoles, les universités, les laboratoires de recherche, les entreprises, les administrations publiques commencent, partout et de plus en plus, à collaborer de manière plus étroite. Ces approches pluridisciplinaires, voire transdisciplinaires accroissent le nombre de doubles diplômes, transforment les fiches de poste, hybrident les métiers et brouillent les modèles organisationnels. Si auparavant, la frontière entre ville et campagne était extrêmement nette, du fait de la prise de conscience écologique, la case « ville » explose, avec la végétalisation croissante, les fermes et les potagers urbains, dans une hybridation croissante entre la Nature et l’urbanisme. De nouvelles manières d’habiter s’installent avec le coliving où l’on mutualise une buanderie, une chambre d’amis, une cuisine ou encore une voiture à l’échelle d’un immeuble ; des écoles rurales transforment leur cantine en brasserie pour tout le village et ouvrent leurs portes aux personnes âgées pour leur apprendre à se servir d’un ordinateur. Les territoires, eux, voient se multiplier les « tiers-lieux » : il s’agit d’endroits insolites qui mêlent des activités économiques, avec de la recherche scientifique, de l’innovation sociale ou encore des infrastructures culturelles. Ils entrecroisent souvent des logiques économiques et des logiques sociales et solidaires… Comme si l’économie sociale et solidaire était en train de s’affirmer progressivement comme l’économie de demain et que bientôt tous les lieux allaient devenir des tiers-lieux[2] ! Par ailleurs, les entreprises prennent de plus en plus conscience de leur responsabilité sociétale ; sous l’effet des transformations de notre société, elles comprennent qu’elles peuvent jouer un rôle vertueux et qu’elles détiennent une partie de la solution pour rendre le monde meilleur. Des gares se transforment en musée pour donner au plus grand nombre l’accès à l’art, - démontrant à ceux qui pensent que cela conduit à une profanation de la culture, que c’est lorsqu’il se met à la portée de tous que l’art devient sacré. Dans le même temps, des pianos sont installés dans des magasins où l’on organise des ateliers de lecture et de cuisine ; tandis que l’on construit des crèches à côté de maisons de retraite… Si notre temps semble être au repli sur soi, aux fractures, à l'individualisme et au désengagement, ces petits signaux faibles d’hybridation donnent des raisons d’espérer. Il ne tient qu’à nous de les reconnaître, de les mettre en valeur, de les accompagner et de les développer pour les transformer en signaux forts !", Gabrielle Halpern

[1] HALPERN Gabrielle, Penser l’Hybride, Thèse de doctorat en philosophie, soutenue à l’Ecole Normale Supérieure en 2019 ; http://www.theses.fr/2019LYSEN004 [2] Gabrielle Halpern, « La Fable du centaure », Humensciences, 2022 (Bande dessinée illustrée par Didier Petetin).


bottom of page