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Radio RCJ: Salon de l’agriculture : et si l’hybridation était l’avenir du monde agricole ?


Cette chronique est présentée par Gabrielle Halpern chaque mardi dans le journal de 12h sur la Radio RCJ et vous offre un regard philosophique sur l'actualité.


Nous assistons à un phénomène d’hybridation[1] de notre monde qui touche de nombreux domaines de notre vie[2]. Est hybride, ce qui est mélangé, hétéroclite, contradictoire, c’est tout ce qui n’entre pas dans nos cases, c’est le fruit de mariages improbables. Tout s’hybride : objets, métiers, lieux, services, secteurs, matériaux, ou encore modes de consommation et de commercialisation. Cette tendance d’hybridation touche également le monde agricole. Quels en sont les signaux faibles et quelles réponses peut-elle apporter[3] ?


Nous assistons d’abord à un renouvellement du champ lexical agricole : il ne s’agit plus d’être un chef d’exploitation, mais un chef d’entreprise[4]. Il ne s’agit plus d’« exploiter », mais de construire un nouveau pacte avec la Nature. De la même manière, on voit apparaître la terminologie « métiers du vivant »[5], qui englobe des métiers de l’agriculture, de la pêche, de l’agroalimentaire, des paysages et de la forêt. L’arrivée de plus en plus prégnante des néo-agriculteurs, la prise de conscience écologique, la transition numérique ou encore le besoin de diversifier les recettes transforment l’agriculture, ainsi que ses métiers, ses modèles économiques et organisationnels. Comme la langue est vivante, elle suit et exprime, elle aussi, cette tendance à l’hybridation.


De la même manière que Rousseau parlait il y a quelques siècles de « contrat social », nous pourrions parler aujourd’hui d’un nouveau « contrat naturel » entre l’homme, l’animal et la terre. La culture, l’élevage, les vies professionnelle et privée, évoluent en effet vers un autre rapport au vivant. Cette philosophie se manifeste par une attention accrue aux rythmes biologiques de chacun (terre, animal, humain), par une volonté d’aller vers un meilleur épanouissement. Il y a une recherche de synergies entre le respect de la terre, celui de l’animal et celui de l’homme. Les contradictions sont en train d’être dépassées dans l’invention d’une tierce méthode de travail.


Sous l’effet de cette tendance à l’hybridation, demain, les fermes seront ouvertes, transformées en tiers-lieu, mêlant co-working, formation, art ou encore restauration. Les activités économiques hybridées pourront aller jusqu’au compostage des déchets ou à la production d’énergie pour le territoire.


Ancrés dans la Cité et engagés, le rôle sociétal des travailleurs du monde agricole deviendra stratégique dans le développement territorial, du fait des nouveaux liens créés avec les décideurs publics, les entreprises, les écoles ou encore les associations. L’hybridation est une chance pour l’agriculture !

[1] Halpern Gabrielle, Penser l’Hybride, Thèse de doctorat en philosophie, 2019 ; http://www.theses.fr/2019LYSEN004 [2] Halpern Gabrielle, « Tous centaures ! Eloge de l’hybridation », Le Pommier, 2020. [3] Gabrielle Halpern, « Quand le monde agricole sera hybride », Note pour la Fondation Jean Jaurès https://www.jean-jaures.org/publication/quand-le-monde-agricole-sera-hybride/ [4] https://www.hectar.co/articles/gabrielle-halpern-docteur-en-philosophie-lhybridation-concept-a-la-mode-ou-nouveau-projet-de-societe [5] https://www.20minutes.fr/planete/3074479-20210701-exclusif-agriculture-renouvellement-generations-defi-colossal-pointe-julien-denormandie



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