Le Dauphiné Libéré a consacré une longue interview à la philosophe Gabrielle Halpern, afin qu'elle partage sa vision de la philosophie aujourd'hui et son rôle dans la Cité.
""L’objet principal de la politique est de créer l’amitié entre les membres de la Cité", disait Aristote. Sans elle, rien d’autre n’est possible : aucun plan de relance, aucune transition écologique, aucun choc des savoirs, aucune réindustrialisation, aucune refondation, aucun grand débat national ne fonctionneront si cette amitié n’est pas là… Relire les grands philosophes permet de constater que certaines grandes questions qu’on imagine parfois propres à notre société ou à notre époque sont en fait des sujets qui interrogent depuis des siècles", Gabrielle Halpern
"Jean-Jacques Rousseau disait dans son Discours sur les sciences et les arts : “Nous avons des physiciens, des géomètres, des chimistes, des astronomes, des poètes, des musiciens, des peintres ; nous n’avons plus de citoyens”. Cette remarque, comme l’injonction d’Aristote, est toujours d’une grande actualité. Nous sommes entrés dans de grands débats et dans de grandes injonctions contradictoires et finalement nous perdons de vue ce que l’on doit d’abord être, des citoyens. C’est là que la philosophie peut être salutaire. La question derrière l’amitié d’Aristote ou la citoyenneté de Rousseau est comment dépasser son petit intérêt particulier de jeune, de retraité, de chef d’entreprise, de consommateur…, et comment apprendre ou réapprendre à être citoyen, à faire amitié. L’utilité de la philosophie est de provoquer un ébranlement. […] La philosophie doit permettre une prise de conscience pour que chacun choisisse un candidat ou un projet non pas pour son intérêt particulier mais pour l’intérêt général", Gabrielle Halpern
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