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"Il faut davantage se méfier du connu que de l'inconnu" - Intervention de la philosophe Gabrielle Halpern devant 2000 entrepreneurs normands à l'UEN du MEDEF


La philosophe Gabrielle Halpern est intervenue à l'occasion de l'Université des Entrepreneurs Normands 2024, organisée à Deauville. Devant près de 2000 entrepreneurs, elle a partagé sa philosophie de l'hybridation et ses implications pour repenser l'innovation, le monde du travail et l'ancrage territorial.


"Le thème autour duquel vous m'avez proposé de réfléchir "Peut-on avoir confiance dans l'inconnu? " me conduit à l'idée suivante: je pense qu'il faut bien davantage se méfier de ce que l'on connaît de ce que l'on ne connaît pas. L'ennemi est toujours à l'intérieur! En nous, dans nos biais, dans nos dogmatismes, dans nos préjugés, dans nos découragements", Gabrielle Halpern



"Elias Canetti, l'un des plus grands intellectuels du XXe siècle disait la chose suivante: « Ne crains pas de voir se désagréger tes découvertes. Elles ne se désagrègent que si tu les surveilles. Avance dans le doute et dans le tremblement. L’inconnu sauvera ce que tu connais ». L'inconnu nous oblige, il relève de notre responsabilité. On définit trop souvent l'inconnu par "ce que l'on ne connaît pas", il faudrait se rappeler que l'inconnu, c'est aussi ce que l'on méconnaît, ce que l'on n'a pas pris le temps de connaître, par manque de curiosité, de temps, par paresse, par la myopie de nos préjugés", Gabrielle Halpern

"Nous ne nous en rendons pas compte, mais nous passons nos journées à tout ranger dans des cases : nos amis, nos collègues, notre conjoint, nos clients, nos concurrents, notre métier, les situations auxquelles nous sommes confrontées et les personnes que nous rencontrons. Notre cerveau s’est transformé en usine de production massive de cases et en agissant de la sorte, nous passons complètement à côté de la réalité. La crise que nous traversons n’est pas d’abord économique, financière, sociale, écologique, institutionnelle, territoriale ou politique ; ce que nous vivons, c’est avant tout une crise de notre rapport à la réalité. En rangeant tout et tout le monde dans des cases, nous fabriquons des silos qui fracturent notre société. L’hybridation que j’appelle de mes vœux - et qui ne constitue pas pour moi un simple travail de recherche en philosophie, mais un véritable projet de société -, vise à briser ces cases, ces frontières absurdes pour mettre ensemble des générations, des activités, des usages, des personnes, qui a priori n’ont pas grand-chose à voir ensemble, mais qui, réunies, vont donner lieu à quelque chose de nouveau : un tiers-service, un tiers-lieu, une tierce… économie !",  Gabrielle Halpern




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