
A l'occasion de son Congrès de septembre 2022, la Mutualité française a invité la philosophe Gabrielle Halpern à contribuer à l’ouvrage collectif « Comment revivifier les solidarités ? L’engagement, un remède à la crise », sous la direction d’Eric Chenut, président de la Mutualité Française. Cet ouvrage est publié en partenariat avec la Fondation Jean Jaurès, aux Éditions de l'Aube.
Extrait de sa contribution:
"L'époque semble être au repli sur soi, aux fractures, à l'individualisme et au désengagement. Mais dans ce ciel bien sombre, quelques lueurs ça et là apparaissent, - des signaux faibles d'hybridation -, témoignant de ce que la solidarité, le collectif, le commun n'ont pas disparu... Bien mieux, il se pourrait même qu'ils se développent lentement mais sûrement, prenant des formes nouvelles, inédites, nous invitant à repenser toutes nos cases! Qu’est-ce qui fait la singularité de l'être humain par rapport aux autres animaux ? Selon Saint Augustin, l'être humain a été créé pour qu'il y ait du commencement[1]... L'être humain est l'animal du commencement ! C'est notre capacité à agir, à créer, à introduire de la nouveauté, à prendre des initiatives, à commencer quelque chose, qui fait de nous des animaux un peu différents des autres... L'être humain est donc, par essence, un « startuper »; c'est-à-dire un « commenceur ». Comment faire en sorte que ce besoin fondamentalement humain de commencer quelque chose, de créer quelque chose, - d'agir, en un mot -, soit un élan hors de soi... pour aller vers l'Autre ? Si, selon les mots de Martin Buber, « l’homme devient je au contact du tu », comment renforcer parmi nos contemporains, et pour les générations à venir, le goût de l'altérité ?"
[1] Saint Augustin, « Cité de Dieu » – repris par Hannah Arendt dans « La vie de l’esprit » et dans « Les Origines du totalitarisme ».
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